CONFERENCE ANIMEE PAR LE D.G/ISED-GL A KINSHASA LIMETE SUR LE LMD/Juin 2023
CONFERENCE ANIMEE PAR LE D.G/ISED-GL
A KINSHASA LIMETE SUR LE LMD/Juin 2023
L’APPROCHE PAR COMPETENCES ET L’ENSEIGNEMENT
PROFESSIONNEL
Distingué Invités, Prof.
Ordinaire PALUKU MAPENDANO
Chers
Collègues Professeurs, MANYENZE.
Chers
Chefs de Travaux, & Assistants ; Docteur
en Philosophie et lettres.
Chers
étudiants. En Philosophie
de l’éducation
INTRODUCTION
Au
cours de ces dernières décennies, le monde de l’éducation est en effervescence.
Comme le dit si bien le Professeur Gérard Scallon de la Faculté des sciences de
l’éducation de l’Université Laval, la formation des individus et sans cesse
redéfinie par des remises en question, des changements de respective, voire des
réformes.
L’Université
Congolaise n’a pas été en reste :
Ü Vers les années 71 et 81, il y a eu deux grandes
réformes de l’enseignement supérieur et universitaire qui, en plus de la
redéfinition des programmes d’enseignement se sont penchées sur les techniques de
communication pédagogique et les méthodes d’apprentissage à l’Université.
Ü Devant la faible adaptation des diplômés universitaires
au monde du travail, on a institué la « professionnalisation » par
des stages dans toutes les filières des Instituts Supérieurs et même des
Universités !
Cette nouvelle conception de l’enseignement universitaire visait plus d’efficacité pour l’enseignant qui ne pouvait plus être considéré comme un simple transmetteur des connaissances mais aussi et surtout comme un stimulateur de l’étudiant à apprendre, un aide et un guide de l’étudiant qui apprend. Force est de constater ici que les moyens nécessaires n’ont pas été suivis.
Ü L’école belge avec des professeurs comme De Landsheere,
Vande Velde, Crahay, De Coste, De Ketele, Tourneur … que sais-je encore, ont
beaucoup contribué de par leurs théories pédagogiques à l’émergence de la
« pédagogie universitaire » à l’Université Congolaise.
La courbe de Gauss, ou courbe normale qui caractérisait la courbe des apprentissages dans une perspective psychologique de sélection a été remise en question ou même contestée en pédagogie où l’on a préféré la courbe en J qui représente mieux l’objectif de tout enseignant, qui en principe, cherche dans son enseignement à amener le plus grand nombre possible de ses étudiants à la maitrise complète de la matière enseignée.
Naissait ainsi la « pédagogie de maitrise » avec son
corollaire « d’enseignement par
objectifs » qui a inspiré plusieurs disciplines. Plusieurs taxonomies
de définition des objectifs d’enseignement – apprentissage ont été vulgarisées
à travers les séminaires de pédagogie universitaire assurés par les animateurs
de la Commission permanente des études (CPE).
Ces animateurs se recrutaient et se recrutent encore dans les différentes
disciplines des sciences sociales et des sciences « exactes ».
Ø Dans
le cadre du pacte de modernisation de l’enseignement (PADEM) une grande réforme de l’enseignement universitaire avait
réuni à LUBUMBASHI en 2004, les
enseignants et les gestionnaires de l’E.S.U. Cette réforme a permis
d’uniformiser les structures, de rationaliser les programmes, de créer les
passerelles entre les filières d’enseignement …
Toutes ces innovations à
caractère pédagogique avaient pour but d’améliorer le processus d’acquisition
et d’appropriation des connaissances par les étudiants, processus dans lequel
le rôle de l’enseignant devrait être repensé pour s’adapter aux nouvelles
exigences pédagogiques. Entre autres, ces exigences concernent :
Ø La
connaissance psychopédagogique de l’étudiant adulte et ses besoins d’où l’étude
de l’Andragogie, et la réforme des programmes ;
Ø L’application
de nouvelles théories pédagogiques dans l’enseignement et dans l’évaluation des
connaissances ; d’où les séminaires sur les techniques de communication
ainsi que sur l’évaluation multiforme des connaissances grâce à la docimologie.
Malgré toutes ces réalisations, un regard critique jeté sur notre système d’enseignement universitaire et sur son efficacité mettrait en lumière un certain nombre de préoccupations telles que :
Ø P.e.
les exigences du monde moderne, la mondialisation, les nouvelles techniques
d’information et de la communication (NTIC) ;
Ø
P.e. le peu de motivation à étudier ou à apprendre
chez les étudiants ;
Ø
P.e. aussi la difficulté des individus à
utiliser leurs connaissances et leurs savoir – faire.
Ø Le
rendement faible aux examens, lequel rendement se situerait entre 5 et 10% en 1ère
Session pour la majorité de nos établissements de l’Enseignement Supérieur et
Universitaire (ESU).
Cette dernière
préoccupation rejoint celle de l’enseignant qui cherche la meilleure formule
pour initier les apprenants à utiliser ou appliquer leurs connaissances et
savoir – faire.
Pour répondre à ces
différentes préoccupations, plusieurs pays et plusieurs établissements de formation
ont trouvé comme solution de refondre les programmes en adoptant une approche
par compétences.
Que signifie approche par compétences ?
Quelle relation y-a-t-il entre l’approche par compétences et l’enseignement professionnel ?
Peut – on appliquer cette
approche dans notre système d’enseignement supérieur et universitaire ?
Voilà
les quelques interrogations auxquelles nous tentons de répondre dans notre
communication de ce jour.
A.
Que signifie approche par
compétence ?
L’approche
par
compétences est un apprentissage plus concret, plus actif et plus durable.
En effet, l’introduction
de l’enseignement et de l’apprentissage fondés sur les compétences est au cœur
des projets de réforme actuels dans le monde pour adapter l’université aux
besoins de notre temps.
Il s’agit là d’une
démarche dans laquelle sont déjà engagés tous les systèmes éducatifs européens,
à l’instar du système « LMD »
du point de vue de la structure de l’enseignement supérieur et universitaire.
Il s’agit de définir les
compétences dont chaque étudiant a besoin pour passer à l’étape suivante de son
parcours scolaire ou académique, pour accéder à une qualification et pour être
préparé à l’apprentissage tout au long de la vie.
Un étudiant doit apprendre
un ensemble de connaissance de sa filière d’enseignement, mais il n’est
considéré comme compétent que s’il est capable d’utiliser toutes ces
connaissances pour résoudre un problème concret et pratique lié à l’exercice de
la profession à laquelle il se prépare.
A l’école, on dit
également qu’un étudiant a acquis une compétence lorsqu’il sait quoi faire,
comment faire et pourquoi faire dans une situation donnée.
L’approche par compétences
met donc l’accent sur la capacité de l’apprenant d’utiliser concrètement ce
qu’il a appris à l’université dans des taches et situations nouvelles et
complexes, à l’université tout comme dans la vie.
L’approche par compétences
est liée à l’idée d’établir des socles
de compétences pour certains moments du parcours scolaire. Ces socles
regroupent les connaissances et les compétences indispensables que chaque
apprenant devra avoir acquis pour passer d’une étape de son parcours à la suivante.
Ils sont définis pour chaque branche d’enseignement d’un niveau d’études
inférieur au supérieur.
L’approche par compétences permet de différencier les apprentissages dans le double but :
1.
D’assurer que tous les étudiants
développent les mêmes compétences essentielles, et
2.
De développer des niveaux de compétences
élargis selon les capacités individuelles des étudiants.
Aux étudiants plus forts
sont proposés des apprentissages qui vont au-delà des objectifs fixés dans les
socles de compétences (socles avancés).
Aux élèves qui présentent
des retards scolaires, l’enseignant ou l’équipe pédagogique propose des
activités de remédiation.
Les
compétences ne remplacent pas les connaissances.
Bien au contraire : les connaissances constituent les bases des
apprentissages et l’école continuera d’y accorder une importance capitale.
Cependant, l’approche par compétences vise plus loin : l’étudiant doit
mieux apprendre à utiliser et à appliquer ses connaissances dans des situations
nouvelles et pratiques.
Les socles de compétences
ne remplacent pas les programmes scolaires. Programmes et
socles forment un ensemble indissociable :
Les premiers décrivent les
objectifs que les étudiants doivent atteindre, les seconds déterminent les
contenus à traiter en classe pour tendre vers les objectifs fixés. Voilà
pourquoi les programmes doivent être revus et adaptés aux exigences des socles.
Ils deviendront ainsi moins chargés et plus abordables.
L’introduction de
l’approche par compétences nécessite un lourd investissement, dans lequel des
groupes de travail composés d’enseignants, de responsables ministériels et de
collaborateurs scientifiques étrangers seront engagés.
L’introduction
de l’approche par compétences nécessite au moins deux dimensions
fondamentales :
1.
La prise en compte des attentes du monde
professionnel après sa consultation. Ces attentes du monde professionnel issues
de l’enquête vont permettre la constitution
du référentiel (savoirs – savoir – faire – savoir être attendus).
2. Le
développement du plan d’étude. Redéfinir un plan d’étude en partant des
compétences du métier cible représente une innovation conséquente. Il s’agit
d’une part de tenir compte des attentes du monde professionnel tout en
formulant des objectifs qui puissent être pris en charge et évalués dans la
formation.
Par ailleurs, dans une
formation habituellement « découpée » en domaines disciplinaires
trois types de questions, peuvent se poser :
Ø Quelles
sont les compétences attendues pour le métier cible ? quels sont les liens
entre elles ?
Ø Comment
les compétences attendues sont-elles été prises en charge dans la formation et
chacun des données disciplinaires ?
Ø Comment
les compétences attendues sont-elles été développées dans les cours ?
B.
Quelle relation y–a–t–il entre l’approche par compétences et l’enseignement
professionnel ?
La voie professionnelle
propose un enseignement en relation avec le monde professionnel et ses métiers.
Elle permet d’acquérir des connaissances et des compétences dans un domaine
professionnel.
Selon le langage des
planificateurs de l’enseignement il s’agit là d’un modèle économique qui
viserait à former les individus selon les besoins en main-d’œuvre dont
l’économie nationale a besoin pour son développement.
Dans l’approche par
compétences, les enseignements sont basés
sur la maitrise de techniques professionnelles. Les apprenants font des
travaux pratiques en atelier ou en classe et plusieurs mois de stages en
entreprise. Cette expérience professionnelle permet d’être opérationnel sur les
lieux du travail.
La formation comprend
également des enseignements généraux. Les étudiants suivent des cours
théoriques, font des travaux pratiques, en atelier, en laboratoire ou sur un
chantier selon leur spécialité. Les enseignements généraux et les enseignements
techniques et professionnels s’équilibrent. Une période de plusieurs semaines
en milieu de travail est obligatoire pour renforcer la professionnalisation.
L’approche par compétences
milite pour la professionnalisation authentique de la formation.
Dans le cadre d’une telle
approche, les apprenants sont amenés à travailler sur des situations
signifiantes qui se rapprochent de celles de la vie de tous les jours. On parle
de compétences lorsqu’un individu mobilise, c’est-à-dire utilise à bon escient,
ses savoirs et ses savoir – faire dans des situations variées.
B.
Peut-on appliquer cette approche dans
notre système d’enseignement Supérieur et Universitaire ?
Cette
question est délicate d’autant plus que tout changement à introduire dans un
système d’enseignement entraine des réajustements en chaines, allant de la
révision des programmes d’enseignement, a celle des manuels, des méthodes et
techniques didactiques jusqu’au moyens d’évaluation des connaissances, des
compétences et des habiletés.
Compte
tenu de l’expérience du passé dans les innovations pédagogiques introduites par
la pédagogie universitaire, nous pouvons dire qu’il est possible d’introduire
dans notre système d’autres innovations pédagogiques nécessitées par l’approche
par compétences.
Eu
égard aux avantages de cette approche, notre système d’enseignement ne pourra
qu’en tirer profit. Mais cela nécessiterait la mobilisation des moyens
importants et un changement des mentalités chez tous les partenaires éducatifs.
CONCLUSION
Les changements
pédagogiques intervenus dans l’enseignement en RDC ont suscité chez les
différents intervenants du monde académique des réactions qui vont de
l’enthousiasme à la méfiance, de l’engouement à la réticence.
En effet, chercher à rendre
les étudiants autonomes, responsables et les placer ainsi au centre du
processus d’enseignement – apprentissage, tout en les amenant à actualiser le
maximum de leurs potentialités est devenu le principe fondamental qui oriente
la mission de l’université.
Aujourd’hui on constate un
certain recul à l’engouement des enseignants de l’université envers la
pédagogie universitaire.
Du côté de la tutelle
(Ministère, CPE…), les séminaires de pédagogie universitaire sont devenus
rares, non planifiés … Ils sont organisés le plus souvent à l’initiative des
établissements ou des enseignants eux-mêmes quand ils sont candidats à une
promotion.
Beaucoup des maux que nous
déplorons aujourd’hui disparaitraient dans une approche par compétences,
notamment les maux comme la tricherie, le mercenariat, les recommandations, le monnayage
de points, l’incompétence professionnelle de certains de nos produits…
En effet, à quoi servirait
les recours à ces anti – valeurs, à ces maux si l’on sait que le système
d’évaluation se base sur les référentiels de compétence, des habiletés et de
performance individuels.
Notre brève communication
n’a pas la prétention d’avoir épuisé toute la problématique de l’approche par
compétences. Néanmoins, elle a ouvert un débat. Un débat pouvant éveiller et
enrichir notre curiosité dans la recherche de solution aux problèmes
d’enseignement – apprentissage à l’université.
Je
vous remercie.
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